RGO, qu'est ce que c'est ?
Le reflux gastro- œsophagien ( RGO ) se définit par le passage
intermittent ou permanent d'une partie du contenu acide de l'estomac
dans l'œsophage.
Cette remontée de liquide gastrique est un phénomène physiologique
normal mais on parle souvent de RGO pour désigner le reflux gastro
œsophagien pathologique, c'est-à-dire avec des symptômes et pouvant
provoquer des lésions de l'œsophage . Le RGO est, en effet, une maladie
chronique bénigne mais qui expose à des complications parfois sévère
comme une inflammation de l'œsophage ( œsophagite).
Quelles en sont les causes ?
Le RGO est la conséquence d'une inefficacité de la "barrière anti reflux
" située au niveau de la jonction de l'œsophage et de l'estomac. Le RGO
est une pathologie extrêmement fréquente :
5 à 10 % de la population déclare un épisode un épisode de RGO quotidien et 30 à 45 % en déclarent un par mois.
L'anatomie joue un grand rôle dans ce système physiologique : le
raccordement entre l'œsophage et l'estomac forme, en effet, un repli
anatomique empêchant la remontée du contenu acide de l'estomac vers
l'œsophage . De plus, la barrière anti reflux est constitué d'un anneau
musculaire qui ferme le bas de l'œsophage : le sphincter inférieur.
Le reflux peux avoir pour origine un mauvais fonctionnement de ce
sphincter œsophagien inférieur ( il est hypotonique ). Il peut également
être lié à une hernie hiatale, c'est-à-dire une position anormale de
l'estomac qui glisse au travers du diaphragme par une ouverture appelée
hiatus œsophagien pour se retrouver au dessus de celui-ci.
Les autres facteurs à l'origine du RGO sont : - l'hyperpression
abdominale retrouvée dans l'obésité est au cours de la grossesse.
- Un antécédent de chirurgie gastrique.
- Un défaut de résistance de la muqueuse œsophagienne ou anomalie de sensibilité de cette muqueuse.
- Des anomalies du liquide gastrique : arrêt ou ralentissement de la
circulation du liquide gastrique ( stase gastrique ), ou anomalies de
composition du liquide gastrique en volume et en acidité.
Quelles sont les conséquences?
Normalement, les aliments et les sécrétions de l'estomac ne peuvent pas
passer de l'estomac vers l'œsophage grâce a un système physiologique. En
cas de reflux, les sucs gastriques remonte dans l'œsophage : ce sont
les régurgitations acides fréquentes après les repas.
Ces régurgitations existent également chez les bébés car l'anneau
musculaire, le sphincter œsophagien inférieur, qui ferme le bas de
l'œsophage est immature.
Or les sécrétion gastrique sont acides, ce qui permet de commencer la
digestion. Si la muqueuse de l'estomac résiste aux agressions acides, ce
n'est pas le cas de la muqueuse qui tapisse l'œsophage . Les reflux
irritent donc la muqueuse : c'est l'œsophagite qui est plus ou moins
étendue. D'ailleurs on classe sa sévérité en fonction des lésions
observées.
Quelles sont les symptômes ?
Le RGO se caractérise par deux symptômes:
- Une sensation de brûlure remontant derrière le sternum au départ de l'estomac.
- Des régurgitations acides.
Cet ensemble de signes constitue le pyrosis qui survient généralement
après un repas (RGO post prandial ) ou en position allongée ou penchée.
Le pyrosis est aggravé par les hyperpressions abdominales notamment lors
des efforts de toux, de défécation ou de contraction de la sangle
musculaire abdominale.
Il existe également des manifestations atypique du RGO qui interviennent
le plus souvent au cours de la nuit comme des sueurs nocturnes
inexpliquée. Il s'agit notamment de manifestations pulmonaire comme un
asthme non allergique, une toux chronique inexpliquée, une pneumopathie
récidivante ou encore une fibrose pulmonaire. On retrouve également des
manifestations ORL : la personne est enrouée au réveil ou ressent une
gêne ou l'impression qu'un corps étranger est bloqué au niveau du
pharynx. Elle peut également ressentir une douleur thoracique évoquant
une angine de poitrine. Enfin certaines personnes souffrant de RGO ont
souvent un OK récidivant.
Certains signes cliniques tels que la douleur en avalant ( déglutition) ,
la sensation de blocage du bol alimentaire ou une hémorragie témoigne
généralement de la présence d'une complication.
L'interrogatoire suffit en général pour poser l'indication du
traitement. Mais une endoscopie doit être réalisée chez un sujet de plus
de 50 ans ou s'il existe des signes d'alarme , comme la douleur lors de
la déglutition ou l'hémorragie. Cet examen permet de déceler une
œsophagite ou des complications comme un ulcère, une sténose, ou encore
un endobrachyœsophage ( raccourcissement de l'œsophage avec
l'apparition d'une muqueuse anormale qui s'appelle la muqueuse de
Barrett à l'origine de lésions cancéreuses dans 10 % des cas). Elle
permet aussi le diagnostic des anomalies anatomiques favorisant le
reflux dont la hernie hiatale. Une radiologie peut être réalisée de
façon complémentaire afin d' évaluer la taille et le type d'une hernie
hiatale en vue d'une éventuelle opération.
En effet, la hernie hiatale est une affection courante chez les adultes
de plus de 50 ans. Normalement l'œsophage rejoint l'estomac juste en
dessous du diaphragme. La hernie hiatale ce produit quand une partie de
l'estomac se trouve dans le thorax alors qu'elle devrait être dans
l'abdomen sous le diaphragme. Cette jonction œsophage/estomac est nommée
cardia, correspondant à une zone de transition entre les muqueuses
œsophagiennes et gastriques considérée comme un site à haute pression.
Il existe deux types de hernie hiatale :
- Hernie hiatale par glissement ( 90 % des cas )
- Hernie hiatale par roulement ( moins fréquente)
Hernie hiatale et RGO ne sont pas obligatoirement lié. Les symptômes
sont semblables, l'un et l'autre peuvent coexister, mais le RGO ou la
Hernie hiatale peuvent se manifester indépendamment, cependant leur
association est très courante.
Le gastro-entérologue peut également avoir recours à une pH-métrie. Cet
examen mesure le taux d'acidité dans l'œsophage pendant une période de 3
ou 24 heures. Dans de rares cas, le gastro-entérologue mesure
l'activité motrice de l'oesophage grâce a la manométrie reposant sur une
sonde munie de capteurs.
Traitement du RGO et/ou de la hernie hiatale:
Il est tout d'abord médicamenteux avec des médicaments qui ont pour but
de diminuer ou de neutraliser la sécrétion acide ou de favoriser la
vidange de l'estomac et de stimuler le tonus du muscle fermant le bas de
l'œsophage ( sphincter œsophagien inférieur). Il existe trois groupes
de médicaments : les anti acides ou pansement gastriques ( maalox,
gaviscon, rocgel ..) , les prokinétiques ( motilium, metoclopramide...)
et les anti sécrétoire notamment les inhibiteurs de la pompe à protons (
IPP comme l'omeprazole et ses dérivés...)
Néanmoins le traitement chirurgical est indiqué en cas de réapparition
des symptômes de pyrosis ( brûlures rétrosternale ) à chaque fois que le
traitement prescrit par IPP est terminé, en cas d'une œsophagite sévère
malgré le traitement instauré, ou enfin en présence d'une hernie
hiatale symptomatique responsable par exemple de troubles respiratoires
ou manifestations ORL .
La chirurgie permet ainsi d'abaisser et réintégrer l'estomac dans la
cavité abdominale en dessous du diaphragme en cas de présence d'une
hernie hiatale, et réaliser une technique de Fundoplicature qui consiste
en une sorte de manchon ( noeud de cravate ) d'estomac autour de
l'œsophage (valve ). Ainsi, la partie haute de l'estomac est attirée en
arrière de l'œsophage et vient l'enveloppe pour créer une nouvelle
barrière anatomotique "anti reflux ".
Nous avons une préférence pour la technique de fundoplicature selon
Nissen (valve de 360°), mais parfois un procédé de Toupet peut être
réalisé (hémi- valve de 240°). La durée moyenne de l'opération est entre
60 et 90 minutes, et la durée médiane de séjour est de 24 à 48 heures.
Cette chirurgie peut parfois être réalisée en ambulatoire.
Enfin l'arrêt de travail en tenant compte des particularités de la profession et de 10 à 30 jours.
Complications Péri-opératoires :
Le risque vital est exceptionnel. Toutes les études montrent un taux de
mortalité faible, inférieur à 1 %. Les risques principaux tiennent à la
dissection de l'œsophage abdominal est à la partie haute de l'estomac
qui est en contact étroit avec la rate. Il est ainsi possible que lors
de la dissection puisse survenir une blessure de la rate entraînant un
saignement. Ce risque est d'environ 1 %. Dans la majorité des cas ce
saignement peut être contrôlé sous cœlioscopie mais il est parfois
nécessaire de convertir l'intervention en laparotomie pour arrêter le
saignement. Ce n'est que dans des cas extrêmes que l'on peut être amené à
retirer la rate. Une transfusion sanguine peut cependant être
nécessaire.
Il est exceptionnel d'observer des plaies iatrogènes de l'œsophage ou de
l'estomac, avec parfois des conséquences graves comme une péritonite
et la nécessité d'une reprise chirurgicale .
La. chirurgie peux également être la cause d'une paralysie gastrique (
Gastroparésie ) liée à un traumatisme des nerfs de l'estomac ( le nerf
vague ) se traduisant par une digestion difficile.
Parfois, il existe une gêne à l'alimentation qui n'est pas à proprement
parler une complication mais plutôt un effet secondaire de
l'intervention. Le passage des aliments est en effet ralenti puisque
l'estomac a été resserré en haut. Cette dysphagie est fréquente, et dans
la majorité des cas, elle commence à s'améliorer après quatre à six
semaines, c'est pour cela qu'une recommandation postopératoire d'une
alimentation mixée et fractionnée pendant 1 mois environ est indiquée .